Jeu d’EMILE, ACTE II: semaine 6

Réponses semaine 4: le joli village du Monal et le Mont Pourri. Indices semaine 5: les 3 photos correspondent à trois sommets des Bauges dont les initiales forment le mot ART. G. habite près de Lescheraines, dans un hameau portant le nom d’un saint ayant partagé son manteau.

PHOTOS DE LA SEMAINE

Toutes ces images sont prises du même point de vue. Quel est-il?

Aujourd’hui Emile vous parle du GYPAETE, dernier maillon de la chaîne alimentaire, charognard: il ne se nourrit que de carcasses d’animaux morts (chamois, bouquetins, …). Mais il ne mange pas la viande, qui est pour les aigles, les renards, les grands corbeaux ou ses cousins les vautours. Plus particulièrement il se nourrit d’os qui lui apporte toute l’énergie nécessaire. Il est parfaitement adapté à la consommation de ce type de nourriture à la fois par son comportement, par son gosier élastique et par son système digestif. Lorsqu’un os s’avère trop gros pour être englouti tel quel, il le saisit entre ses serres ou son bec, s’envole et le lâche au dessus d’un pierrier. Ses pseudonymes sont: le casseur d’os ou le nettoyeur de la nature .

Caractéristiques: Oeil jaune cerclé de rouge, et masque facial se terminant en barbichette autour du bec, plumage contrasté chez l’adulte. Envergure impressionnante de près de 3m. Taille de 1,10m à 1,50m de la tête à la queue pour 5 à 7 kg. Pas de différence entre les mâles et les femelles. Silhouette fine et élancée, la queue en forme de losange. Ailes se terminant par de longues plumes effilées, appelées rémiges. Naturellement sa tête et son poitrail sont blancs mais en prenant des bains de boue riches en oxyde de fer il teinte son plumage en ocre orangé. Ces bains servent à montrer à ses congénères qu’il est le maître de son territoire. Plus il est coloré, plus il est dominant. Quant aux cercles rouges autour de ses yeux il s’agit d’un signe ostentatoire en période de reproduction. Leur coloration, plus ou moins vive, indique son degré d’excitation ou de stress. Ces caractéristiques l’ont rendu victime d’une mauvaise réputation. Nos ancêtres lui ont prêté des pouvoirs démoniaques. Ils le considéraient comme une bête féroce, sans fierté, ni courage et représentant un danger pour les troupeaux et l’homme. Son cercle rouge autour de l’oeil était le signe du démon et son poitrail dégoulinant la preuve qu’il se baignait dans le sang de ses victimes.

C’est ainsi qu’il fut rayé de la carte à coup de fusil, d’empoisonnement et d’enlèvement des oeufs et des poussins au nid! C’est dans les années 70 que l’idée de réintroduire le Gypaète dans les Alpes prend forme dans la tête de quelques français, suisses, autrichiens et italiens. Une première tentative aura lieu au Petit Bornand en Hte Savoie à partir de gypaètes prélevés dans la nature ramenés en France, placés dans des volières d’acclimatation . un seul individu survivra! Après une reproduction réussie en captivité au zoo Innsbruck, ce sera finalement la mise en place d’un réseau d’élevage où seuls les jeunes nés en captivité seront mis dans la nature. Premiers lâchers en 1986 en Autriche. Un deuxième site l’année suivante au Reposoir. Depuis 2010 le site du parc naturel régional du Vercors accueille un centre de réintroduction dont l’objectif est de renforcer la population des Alpes et faciliter les échanges entre les populations alpines et pyrénéennes. La technique consiste à mettre des jeunes de 3 mois, issus de captivité, dans une cavité naturelle en falaise, les poussions étant au préalable bagués. A cet âge ils ne savent pas encore voler et sont surveillés par une équipe. A 4 mois ils s’envoleront et deviendront autonomes petit à petit. A la fin de l’été ils quitteront le site de réintroduction pour partir au gré des vents … et des carcasses à la découverte des cimes alpines vers une phase d’errance qui durera quelques années, avant de venir s’installer sur un territoire pourvu de zones calcaires et de pierriers à la recherche d’un compagnon de vie. Ainsi plus de 230 oiseaux ont-ils été lâchés depuis 1986. Aujourd’hui la population pourrait se maintenir sans les lâchers mais l’équilibre demeure fragile et la décision de les interrompre n’a pas été encore prise.

La reproduction a lieu en hiver, la femelle pond 1 ou 2 œufs et la naissance du poussin va coïncider à la sortie de l’hiver avec une disponibilité alimentaire accrue. Environ 1 jeune tous les 3 ans, avec une espérance de vie de 20 à 30 ans en liberté. Même dans des conditions favorables les effectifs de gypaète ne peuvent augmenter qu’avec une extrême lenteur. Le gypaète est une espèce protégée. L’effectif théorique en 2018 était de 376 individus sur l’ensemble de l’ Arc Alpin.

Le gypaète ne vit pas dans un monde parallèle au notre. Il évolue dans des milieux ouverts de montagne où évoluent également le pastoralisme, les sports de pleine nature (vol libre, parapentes, randonnées, trails, …) survols motorisés, chasse, chasse photographique, exploitations forestières, câbles aériens …

L’homme côtoie le gypaète, le gypaète côtoie l’homme, parfois de manière bénéfique parfois moins… mais chacun doit y trouver sa place.

Notre Vendée Globe se poursuit avec ses difficultés, ses péripéties, ses rencontres avec des OFNI ou une baleine, ses grandes joies et ses abandons. Si vous avez suivi les vidéos de la récupération de Kévin Escoffier, son arrivée à bord du bateau Yes We Cam, ainsi que son saut dans une mer gelée pour monter à bord du navire récupérateur vous avez dû être émus et bluffés, comme Émile. Cette édition réserve bien des émotions et des grands moments de doute pour ces navigateurs.

Merci et bravo à l’artiste C.F. qui a envoyé son dessin à Emile.

Le dicton du jour:  » Décembre froid, si la neige abonde en une année féconde, le laboureur a foi. »

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